Weillaivaü : la légende des Torches

 

 

 

Qué bru! Ca queman dé chavaü! Quel bruit! C'est comme des chevaux!
Ecoute bé, fille et gaçeute! Ecoutez bien, filles et jeunes filles!
Au train dé bruyan, dé tapeute, Au rythme des crécelles, des castagnettes,
Lé gaçon core au Weillaivaü. Les garçons courent au Weillaivaü.
 
Tené vo prôte, mé lurone, Tenez-vous prêtes, mes luronnes,
Car çâ lai meûde, ai Spoy, Car c'est la mode, à Spoy,
Quan lé deû tioche carillonne, Quand les deux cloches carillonnent,
De s'étody le jo dé Roy. De se réjouir le jour des Rois.
 
Câ t'eine féete san paroille. C'est une fête sans pareille.
Vo voïé le menoû, chourète au van Vous voyez le meneur, frange au vent
Et chaipiâ su l'airoille, Et chapeau sur l'oreille,
Alay quaimanday ché lé jan. Aller quémander chez les gens.
Ai piaille en retrouçan sai mainche: Il hurle en retroussant sa manche:
Peire Nono, baillé no dé faigueü, Père Nono, donnez-nous des fagots,
Vo saivé, çâ l'dimainche Vous savez, c'est le dimanche
Que j'éleumon le feü. Que nous allumons le feu.
 
Seuvené vo d'lai jeunaisse, Souvenez-vous de la jeunesse,
Tonton, baillé no quéque brin Tonton, donnez-nous quelques brins
D'paille vou d'raimazin, De paille ou de brindilles,
Sinon, j'ampote lai remaisse. Sinon j'emporte le balai.
 
Alon parté, lé bèle fille! Allons partez, les belles filles!
Coré vé l'Paqueï, Courez vers le pâturage
Lai bâ, su lé bor d'lai Tille! Là-bas sur les bords de la Tille!
J'alon chantay Noeï. Nous allons chanter Noël!
 
Eleumé lai fouleîre, Allumez le feu de joie,
Vo, lurète et luron, Vous lurettes et lurons
Auto d'lai feumeîre, Autour de la fumée
Dansé le rigodon! Dansez le rigodon!
 
V'lai qu'an antan dé pétairade Voilà qu'on entend des pétarades
Soti d'ein grô tîson... Sortir d'un gros tison...
Mé z'anfan, prené gade! Mes enfants, prenez garde!
Câ dé queü d'bâton. C'est des coups de bâton.
Voié queman lai fiâme Voyez comment les flammes
Monte draite dan l'ar! Montent droites dans l'air!
Croié le, su mon âme, Croyez-le, sur mon âme,
J'airon du pain po not hyvar. Nous aurons du pain pour notre hiver.
Etîsé, lai marmaille, Attisez, la marmaille
Ne resté pa queman dé z'épontaü! Ne restez pas comme des épouvantails!
Eleumon lé torche de paille, Allumons les torches de paille,
 
Ai l'iâ le Weillaivaü!! A l'eau le Weillaivaü!!
 
Po regaday lé z'anfan s'orche, Pour regarder, les enfants se bousculent
Et peu lé z'aimoreû Et puis les amoureux
Prene gade ai lô torche Font attention à leurs torches
Lé seuguan deû z'ai deû. Les suivant deux à deux.
 
Ha! mai preuve Gustine, Ha! Ma pauvre Gustine
Ton mairiaije a nôyé! Ton mariage est noyé!
Mon Dieu don, Célestine, Mon Dieu donc, Célestine,
Tai torche n'ai pu pié! Ta torche n'a plus pied!
Le Weillaivaü de tai comeîre, Le Weillaivaü de ta commère
Maiturin, mon gaçon, Mathurin, mon garçon
Pionge dan lai riveîre Plonge dans la rivière
Et vai breulay teu lé poiçon! Et va brûler tous les poissons!
 
Voicy lé troi daréïre... Voici les trois derniers...
 
Et peu, teu por ein queü, Et puis, tout par un coup,
An n'voi pu que deû lemeîre On ne voit plus que deux lumières
Que jete anco du feü. Qui jettent encore du feu.
 
Spoy voîré deû mairiaije Spoy verra deux mariages
Devan qu'en fasse chaü. Avant qu'il fasse chaud.
 
Ai revoî, bon coraije! Au revoir, bon courage!
Ai l'aôtre Weillaivaü!! Au prochain Weillaivaü!!

 

Extrait de Contes, fables et légendes en idiome bourguignon du Dr H. Berthaut, par Jean-Luc Carmoi, Fontaine-lès-Dijon.

 

 

 

 

 


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