Le rai dé ville et peu le rai dé cham / Le rat des villes et le rat des champs
C'aitô deu rai d'lai moime faimille, C'était deux rats de la même familleQue n'aiveîn pa paroille gou.
L'ein, pa fié, dan lé chan, aivô creuzai son trou;
Qui n'avaient pas les mêmes goûts
L'un pas fier, dans les champs, avaient creusé son trou.
L'aôtre fasô le Môsieu dan lai ville, L'autre faisait le Monsieur dans la ville Beurjoi san rante, aiveu çai diôrou. Bourgeois sans rente, avec ça orgueilleux C'tu qui, l'aôtre jor, invite Celui-ci, l'autre jour, invite Son frère ai déjeunay: Son frère à déjeuner: Le campagna drai core vite, Le campagnard accourt vite Po l'aprousse de bé briffay. Dans sa hâte de bien manger Cré dié, lai bonne rgalade! Cré dié, la bonne régalade! En entran dan lai mâson, En entrant dans la maison Ca santô le beudin et lai grillade; Ca sentait le boudin et la grillade Queï repâ de couchon! Quel repas de cochon Lai taüle aitô garnie La table était garnie D'pindépice et d'caleü. De pain d'épices et de noix Ai ne lampeîn pa de lai lie Ils ne buvaient pas de la lie Ni bibine ai deu sou le peü. Ni de la bibine à deux sous le pot Ma quécun tape ai lai pote... Mais quelqu'un tape à la porte... Couzon no, ça l'ussié Taisons-nous, c'est l'huissier Que teu lé jo m'épote Qui tous les jours m'apporte Quéque traite ai païé... Quelques traites à payer V'lai qu'an antan pu ran. Voilà qu'on n'entend plus rien Rechignon no? Le Gallas a t'aivan, On se remet à table? Le brigand est parti Disô le rai dé ville. Dit le rat des villes. Cai m'éteune, y ne sé pa tranquille, Ca m'étonne, je ne suis pas tranquille Répon le rai dé cham Répond le rat des champs Ai fau qu'y m'an retone, Il faut que je rentre Y vourô bé éte ché no. Je voudrais bien être chez moi. J'aînme mieû mon orge et mon aivone J'aime mieux mon orge et mon avoine Que té kyrielle de gato; Que tes kyrielles de gâteaux Y préfar l'iâ d'lai riveîre Je préfère l'eau de la rivière Ai teu té peü d'vin. A tous tes pots de vins Et si j'meije ein bou d'pin, Et si je mange un bout de pain Y n'doi ran ai nun. Bé le bonjo, mon frére. Je ne dois rien à personne. Bien le bonjour, mon frère. C'tu qu'délaisse lai campaigne, Celui qui délaisse la campagne Disé me, vô, si çai vo piay? Dites-moi, si ça vous plaît? Qu'â qu'el y gaîgne? Qu'est-ce qu'il y gagne? Ai s'ancharbeute dan lai may! Il "s'empêtre dans les rubans de mai!"
Extrait de Contes, fables et légendes en idiome bourguignon du Dr H. Berthaut, par Jean-Luc Carmoi, Fontaine-lès-Dijon.
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